Mon parcours avec la maladie mentale au Québec

​Auteur : Shoshin

Il y a quelques années, j'ai traversé un choc post-traumatique accompagné de psychose. À l'époque, je ne savais pas que c’était une psychose ; pour moi, mes pensées semblaient normales. C'est souvent ainsi que la psychose fonctionne.

Mon père avait fait des menaces sérieuses envers ma mère et moi, en en parlant ouvertement lors de son admission à l’urgence psychiatrique de Sherbrooke. Après un mois de détention psychiatrique, il a été libéré sans aucun suivi, après n’avoir vu le psychiatre qu’une seule fois. Cela m’a naturellement plongée dans la panique.

À partir de ce moment, je me suis mise à m'allonger sur le canapé chaque soir, dans le but de protéger ma famille. Je surveillais l’entrée, même après que mon père ait été hospitalisé dans une maison de retraite spécialisée.

Mon esprit a alors commencé à imaginer toutes sortes de scénarios où des intrus viendraient chez moi pour me faire du mal. J’en arrivais à entendre des choses que personne d’autre n’entendait et à voir des signes là où il n’y avait rien. Malgré ma détresse, je parvenais à cacher mon état, de sorte que peu de gens étaient au courant de ce que je vivais.

J’ai tenté de demander de l’aide, à plusieurs reprises, au CLSC de l'époque, mais mes appels se heurtaient à des conseils platoniques du genre « allez marcher ». Marcher quand on a peur des gens n’est pas si simple.​

Sans entrer dans les détails, la situation a fini par se dégrader. Tout cela m’a conduit à une profonde dépression.

Un jour, j'ai contacté le centre de crise de Québec, sur les conseils de quelqu'un du système, au lieu d'appeler le 911. J’ai fini par passer des heures à l’urgence classique, puis encore plus à l’urgence psychiatrique. On m’a prescrit des médicaments sans me prévenir qu'ils pouvaient aggraver certains symptômes.

Quelques semaines plus tard, je me suis retrouvée une deuxième fois dans ces deux urgences. Cela a marqué le début d’un long voyage vers la guérison. Aujourd'hui, je vais mieux, mais je me sens comme quelqu'un ayant survécu à une crise cardiaque : je suis beaucoup plus fragile qu’auparavant, pour le meilleur et pour le pire.

Voilà une partie seulement de mon histoire.

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